pour nous qu’Adam n’eût point été créé sur la terre. Du moins, après l’y avoir placé, Dieu devait-il l’empêcher de mal faire. Quel avantage y a-t-il pour l’homme à passer sa vie dans la tristesse et la misère, sans attendre après sa mort autre chose que des supplices et des tourments[1] ? O Adam, quelle a été l’énormité de ton crime ! En péchant, tu t’es perdu toi-même et tu as entraîné dans ta chute tous les hommes dont tu étais le père. Et que nous sert l’immortalité, si nous avons fait des œuvres dignes de mort[2] ?
Pseudo-Esdras admet bien la liberté[3] ; mais la liberté a peu de raison d’être dans un système où l’on se fait une idée aussi exaltée de la prédestination. C’est pour Israël que le monde a été créé, le reste du genre humain est damné[4].
Et maintenant, Seigneur, je ne vous prierai point pour tous les hommes (vous savez mieux que moi ce qui les regarde) ; mais je vous prierai en faveur de votre peuple, de votre héritage, sujet continuel de mes larmes[5]…
Interrogez la terre, et elle vous dira que c’est à elle qu’il appartient de pleurer. Tous ceux qui sont nés ou naîtront sortent de la terre ; cependant ils courent presque