Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/472

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Grâce à Polycarpe, le souvenir de Jean resta en Asie et, par suite, à Lyon et dans les Gaules[1], une tradition vivante. Tout ce que Polycarpe disait du Seigneur, de sa doctrine, de ses miracles, il le rapportait comme l’ayant reçu des témoins oculaires de la vie de Jésus. Il avait coutume de s’exprimer ainsi : « Ceci, je le tiens des apôtres »… « Moi qui ai été instruit par les apôtres et qui ai vécu avec plusieurs de ceux qui ont vu Christ…, etc.[2] » Ces manières de parler feraient supposer que Polycarpe avait connu, outre Jean, d’autres apôtres, par exemple saint Philippe[3]. Il est plus probable cependant qu’il y a là quelque hyperbole. L’expression « les apôtres » voulait sans doute dire Jean, qui pouvait d’ailleurs être accompagné de plusieurs disciples galiléens inconnus. On peut aussi entendre par là, si l’on veut, Presbytéros Joannes et Aristion, qui, selon certains textes, auraient été disciples immédiats du Seigneur[4]. Quant à Caïus, Diotréphès, Démétrius, et à la pieuse Cyria, que les épîtres du Presbytéros nous montrent comme faisant partie du cercle éphésien[5], on risquerait, en

  1. Voir le tome VIe de cet ouvrage.
  2. Irénée, III, iii, 4, et Lettre à Florinus.
  3. Irénée, Adv. hær. III, iii, 4, et dans Eus., H. E., V, xxiv, 16.
  4. Voir l’Antechrist, p. 344, 345.
  5. II Joh., l, 5 ; III Joh., 1, 9, 12. Ce qui concerne cette singulière correspondance sera discuté dans notre tome VIe.