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Elkasaï, que l’on peut supposer avoir été en beaucoup de choses l’imitateur de Jean-Baptiste et de Jésus.

Cet Elkasaï paraît avoir été un esséen de la contrée située au delà du Jourdain[1]. Il avait peut-être résidé en Babylonie, d’où il feignait d’avoir rapporté le livre de sa révélation. Il éleva son drapeau prophétique en l’an 3 du règne de Trajan[2], prêchant la pénitence et un nouveau baptême, plus efficace que tous ceux qui avaient précédé, capable en un mot d’effacer les péchés les plus énormes. Il présentait comme manifeste de sa mission divine une apocalypse bizarre, écrite probablement en syriaque[3], et qu’il cherchait à entourer d’un mystère charlatanesque, en la présentant comme descendue du ciel à Sera, la capitale du pays fabuleux des Sères, par delà les Parthes[4].

  1. Origène, In Ps. lxxxii (dans Eus., H. E., VI, 38) ; Philosophumena, IX, 4, 13-17 ; X, 29 ; Épiphane, hær. xix entier ; xxx, 3, 17 ; liii entier ; anacephalæosis, t. i, lib. II, no 7 ; t. ii. lib. I, no 10 ; epitome (Opp., édit. Dindorf, I, 352 et suiv.) ; Théodoret, Hær. fab., II, 7 ; Pseudo-Aug., De hær., 10, 32.
  2. Philos., IX, 13. Un autre passage (ibid., § 16) nous reporterait aux derniers temps de Trajan, si on lisait comme Rœper et Duncker ; mais ce passage est obscur et altéré. Je lis avec Hilgenfeld : ἀφότε ὑπάτευσεν ἕκτου.
  3. On le conclut du genre attribué à rouah (voy. ci-dessus, p. 103, note 4) et des formules syriaques en usage dans la secte (v. p. 456).
  4. Philos., IX, 13. Sur cette ville de Séra, voir Ammien Marcellin, XXIII, 6 (p. 381, Paris, 1681) ; Ptolémée, I, xi, 1, 4 ; xvii, 5 ; VI, xiii, 1 ; xvi, 8; VIII, xxiv, 8.