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démons et les chiens, prédictions astrologiques, voilà l’Évangile d’Elkasaï. Comme tous les faiseurs d’apocalypses, il annonçait pour l’empire romain des catastrophes, dont il fixait la date à la sixième année de Trajan[1].

Elkasaï fut-il réellement chrétien ? On en douterait parfois[2]. Il parlait souvent du Messie, mais il équivoquait sur Jésus. On peut supposer que, marchant sur les traces de Simon de Gitton, Elkasaï connut le christianisme et le copia. Comme plus tard Mahomet, il adopta Jésus pour un personnage divin. Les ébionites furent les seuls chrétiens avec lesquels il eut des rapports ; car sa christologie est celle d’Ébion. À son exemple, il maintenait la Loi, la circoncision, le sabbat[3], repoussait les anciens prophètes, haïssait saint Paul[4], s’abstenait de chair, se tournait vers Jérusalem en priant[5]. Ses disciples paraissent s’être rapprochés du bouddhisme ; ils admettaient beaucoup de Christs, passant les uns dans les autres par une sorte de transmigration, ou plutôt un seul Christ, s’incarnant et paraissant au

  1. Philos., IX, 16. Voir ci-dessus, p. 455.
  2. Épiph., hær. xix, 3 ; xxx, 3, 17 ; liii, 1.
  3. Philos., IX, 14 ; Épiph., xxx, 1.
  4. Origène, dans Eus., H. E., VI, 38 ; Théodoret, l. c.
  5. Épiph., hær. xix, 3. Cf. Irénée, I, xxvi, 2.