Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/528

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volte, ses garanties et ses privilèges[1]. Chose singulière, le judaïsme, qui se révolta trois fois contre l’empire avec une fureur sans nom, ne fut jamais officiellement persécuté ; les mauvais traitements que subissent les juifs sont, comme ceux qu’endurent les raïas des pays musulmans, la conséquence d’une position subordonnée, non un châtiment légal[2] ; très-rarement, au second et au troisième siècle, un juif est martyrisé pour ne pas vouloir sacrifier aux idoles ni à l’image de l’empereur. Plus d’une fois même, on voit les juifs protégés par l’administration contre les chrétiens[3]. Au contraire, le christianisme, qui ne se révolta jamais, était en réalité hors la loi. Le judaïsme eut, si l’on peut s’exprimer ainsi, son concordat avec l’empire[4] ; le christianisme n’eut pas le sien. La politique romaine sentait que le christianisme était le termite qui rongeait intérieurement l’édifice de la société antique. Le judaïsme n’aspirait pas à pénétrer

  1. Lampride, Alex. Sév., 22 : Judæis privilegia reservavit. Cf. Tertullien, Apol., 21.
  2. Il ne faut pas exagérer ceci. Cf. Spartien, Carac., 1 ; Talm. de Bab., Aboda zara, 8 b.
  3. Voir Philosophumena, IX, 11.
  4. Digeste (L, ii), l. 3, § 3, de Decurionibus ; ibid. (XXVII, i), l. 15, § 6, de Excusationibus (lois de Sévère et de Caracalla, réservant expressément quæ superstitionem eorum læderent… per quæ cultus inquinari videtur).