Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/540

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passages où il représente son charlatan jouant le rôle d’évêque et de confesseur, enchaîné en Syrie, embarqué pour l’Italie, entouré par les fidèles de soins et de prévenances, recevant de toutes parts les députations des ministres chargés de le consoler[1]. Peregrinus, comme Ignace, adresse de sa captivité aux villes célèbres qui se trouvent sur son passage des épîtres pleines de conseils et de règles qu’on tient pour des lois[2] ; il institue, en vue de ces messages, des envoyés revêtus d’un caractère religieux[3] ; enfin il comparaît devant l’empereur et brave son pouvoir avec une audace que Lucien trouve impertinente, mais que les admirateurs du fanatique présentent comme un mouvement de sainte liberté[4].

Dans l’Église, la mémoire d’Ignace fut surtout relevée par les partisans de saint Paul[5]. Avoir vu

  1. De morte Peregr., §§ 11-13, 18, 41.
  2. Διαθήκας τινὰς καὶ παραινέσεις καὶ νόμους. Lucien peut très-bien avoir eu entre les mains la collection des sept lettres pseudo-ignatiennes. La mort de Peregrinus est placée par Eusèbe en l’an 165. (Chron., p. 170, 171, Schœne.)
  3. Cf. Ign., Ad Polyc., 7, et Polyc., Ad Phil., 13.
  4. Lucien peut avoir lu certains Actes où Ignace insultait l’empereur (cf. Malala, l. c., ci-dessus, p. 487, note).
  5. L’imitation des Épîtres de saint Paul est sensible dans les Épîtres pseudo-ignatiennes. La doctrine y est tout à fait antijuive. Cf. Ad Smyrn., 1.