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Un monument des mornes tristesses de ce temps paraît être l’Apocalypse de Baruch[1]. L’ouvrage est une imitation de l’Apocalypse d’Esdras[2], et se divise comme cette dernière en sept visions. Baruch,

  1. Baruch avait été déjà exploité antérieurement par les auteurs d’apocryphes. On avait composé sous son nom un livre qui, plus heureux que l’Apocalypse, a pris place à la suite de Jérémie, dans les Bibles grecques et latines. L’ouvrage dont nous parlons en ce moment n’a été conservé qu’en syriaque. Ceriani, Monumenta sacra et profana, t. I, fasc. ii (Milan, 1866), t. V, fasc. ii (1871) ; Fritzsche, Libri apocryphi Vet. Test. (Leipzig, 1871), p. 654-699. Diverses particularités (§§ 76, 77) porteraient à croire que le livre, tel que la version syriaque nous l’a conservé, n’est pas complet.
  2. Les rapprochements entre les deux écrits se remarquent à chaque page, presque à chaque ligne. Ce qui prouve que pseudo-Baruch est l’imitateur, c’est que les idées les plus particulières de pseudo-Esdras sont chez lui censées connues et n’ont pas besoin d’être expliquées. Notez surtout ce qui concerne les promptuaria, le petit nombre des élus et la prière pour les morts. En quelques lignes, pseudo-Baruch (voir surtout § 85) résume des pages de pseudo-Esdras. La doctrine du péché originel, si exagérée chez pseudo-Esdras, semble corrigée (§ 54). La phrase Juventus seculi præteriit (§ 85, vers. 10) est mieux amenée dans pseudo-Esdras. Il n’est pas sans exemple que, quand un apocryphe imite un autre apocryphe, le texte le plus court soit celui de l’imitateur (comp. Baruch, i, 15 — ii, 17, à Daniel, iv, 4-19). Le fait que l’ouvrage a été adopté par les chrétiens empêche d’en rabaisser la composition au-dessous de la guerre juive sous Trajan ; car, à partir d’Adrien, aucun manifeste juif ne fut plus adopté par les chrétiens. Le § 22 prouve d’ailleurs que le livre est postérieur au siège de l’an 70 et antérieur à la construction d’Ælia Capitolina. On ne peut rien conclure des §§ 26-28.