Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/564

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secrétaire de Jérémie, reçoit de Dieu l’ordre de rester à Jérusalem pour assister au châtiment de la ville coupable. Il maudit le sort qui l’a fait naître pour être témoin des outrages infligés à sa mère. Il supplie Dieu d’épargner Israël. Sans cela, qui le louera, qui expliquera sa loi ? Le monde est-il donc destiné à revenir à son silence primitif ? Et quelle joie pour les païens qui s’en iront dans les pays de leurs idoles se glorifier devant eux des défaites qu’ils ont infligées au vrai Dieu[1] !

L’interlocuteur divin répond que la Jérusalem qui va être détruite n’est pas la Jérusalem éternelle, préparée dès les temps paradisiaques, qui fut montrée à Adam avant son péché, et qui fut entrevue par Abraham et Moïse. Ce ne sont pas les païens qui détruisent la ville ; c’est la colère de Dieu qui va l’anéantir. Un ange descend du ciel, enlève du temple tous les objets sacrés et les confie à la terre. Les anges alors démolissent la ville[2]. Sur les ruines, Baruch entonne un chant de deuil. Il s’indigne que la nature continue son cours, que la terre sourie et ne soit pas brûlée par un éternel soleil de midi.


Laboureurs, cessez de semer, et toi, terre, cesse de

  1. Souvenir du triomphe de Vespasien et de Titus.
  2. Comp. § 80.