Églises, se mettant en rapport les uns avec les autres, constitueront l’Église universelle en une espèce d’oligarchie, laquelle tiendra des assemblées, censurera ses propres membres, décidera des questions de foi et à elle seule formera un vrai pouvoir souverain.
En cent ans, le changement était presque accompli. Quand Hégésippe fait son voyage à travers toute la chrétienté, dans la seconde moitié du iie siècle, il ne voit plus que les évêques ; tout est pour lui une question de succession canonique ; le sentiment vivant des Églises n’existe plus[1]. Nous montrerons que cette révolution ne s’acheva pas sans protestation, et que l’auteur du Pasteur, par exemple, essaye encore de maintenir, contre l’autorité grandissante des prélats[2], l’égalité primitive des presbyteri. Mais la tendance aristocratique finit par l’emporter. D’un côté, les pasteurs ; de l’autre, le troupeau. L’égalité primitive n’existe plus ; l’Église n’est désormais qu’un instrument entre les mains de ceux qui la dirigent, et ceux-ci tiennent leur pouvoir non de la communauté, mais d’une hérédité spirituelle[3], d’une transmis-