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CHAPITRE VII.


FAUX ÉCRITS APOSTOLIQUES. — LA BIBLE CHRÉTIENNE.


Le monde, cependant, s’obstinait à durer. Il fallait la dose inépuisable de patience, d’abnégation, de douceur, qui faisait le fond de tout chrétien pour ne pas désespérer en voyant le tardif accomplissement des prophéties de Jésus. Les années s’écoulaient, et la grande auréole boréale au centre de laquelle on croyait que le Fils de l’homme ferait sa réapparition ne commençait pas à poindre dans les nues. On se fatiguait à chercher la cause de ce temps d’arrêt[1]. Quelques-uns se décourageaient, d’autres murmuraient. Luc, dans son Évangile, annonçait encore que la revanche aurait lieu « bientôt[2] », que la longanimité de Dieu allait avoir son terme, qu’à force de prier nuit et jour sous le coup de la persé-

  1. Τὸ κατέχον εἰς τὸ ἀποκαλυφθῆναι αὐτὸν ἐν τῷ ἑαυτοῦ καιρῷ. II Thess., ii, 6.
  2. Ἐν τάχει