Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/132

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populaire. C’est, en tout cas, le livre qui a séché le plus de larmes, amélioré le plus de cœurs.

On ne peut parler d’une manière générale du style du Nouveau Testament, puisque les écrits du Nouveau Testament se partagent entre quatre ou cinq styles différents[1]. Tous ces morceaux ont pourtant quelque chose de commun, et ce quelque chose est justement ce qui a fait leur force et leur succès. Ils sont écrits en grec et conçus en sémitique. Ces tours absolus, roides, sans nuances, — cette langue où tout est blanc ou noir, soleil ou ténèbres, — qui, pour dire : « J’aime mieux Jacob qu’Ésaü », dit : « J’aime Jacob, je hais Ésaü », ont séduit le monde par leur âpre grandeur. Nos races n’étaient pas habituées à cette ampleur orientale, à ces énergiques partis pris, à cette façon de procéder tout d’une pièce et comme par bonds. Elles ont été conquises et comme écrasées ; aujourd’hui encore, ce style est la grande force du christianisme, ce qui fascine les âmes et les gagne à Jésus.

Le canon des livres de l’Ancien Testament admis

  1. Au point de vue du style, on peut faire cinq catégories dans les écrits du Nouveau Testament : 1o Marc, Matthieu, Apocalypse ; 2o Luc et les Actes ; 3o Épîtres authentiques de Paul, épître aux Hébreux, Ire de Pierre ; 4o Jacques, Jude, IIe de Pierre, épîtres à Tite et à Timothée ; 5o l’Évangile et les épîtres johanniques.