les sacrements. Les prophètes hébreux et les écrits
authentiques des apôtres étaient vite épuisés ; il
fallait du nouveau. Pour fournir aux besoins sans
cesse renaissants de cette lecture, on accueillait avec
empressement tout écrit édifiant, qui se présentait
avec la plus légère apparence d’apostolicité ou avec
un air de famille même fort éloigné avec les écrits
des prophètes anciens.
Le christianisme avait ainsi accompli le premier devoir d’une religion, qui est d’introduire dans le monde un nouveau livre sacré. Une seconde Bible était ajoutée à l’ancienne, bien inférieure comme beauté classique, mais douée d’une plus grande efficacité pour convertir le monde. La vieille langue hébraïque, instrument aristocratique si merveilleux pour exprimer la poésie, les sentiments de l’âme, la passion, était morte depuis des siècles. Le patois moitié araméen de la Palestine, ce grec populaire que la conquête macédonienne introduisit en Orient, et que les traducteurs alexandrins de la Bible élevèrent à la hauteur d’une langue sacrée, ne pouvaient servir d’organes à des chefs-d’œuvre littéraires ; mais, à défaut de génie, la nouvelle Bible eut la bonté ; à défaut d’écrivains, elle eut des hommes pleins de Jésus, qui nous rendirent son esprit. Le Nouveau Testament a introduit dans le monde une idée nouvelle, celle de la beauté