Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/20

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l’empereur répondait à ce qu’il y avait d’excellent dans ces réformes. Adrien se montrait avec les humbles d’une affabilité charmante, et ne pouvait souffrir que, sous prétexte de majesté, on lui enlevât son plaisir suprême, le droit d’être aimable[1].

C’était, malgré tous ses défauts, un esprit vif, ouvert, original. Il aima Epictète[2] et le comprit, certes sans s’obliger à suivre ses maximes. Rien ne lui échappait ; il voulait tout savoir. Dégagé de cette morgue et de ce parti pris qui rendaient le vrai Romain si fermé à la connaissance du reste du monde, Adrien avait du goût pour les choses exotiques[3] ; il s’y plaisait, s’en moquait avec esprit. L’Orient surtout l’attirait. Il en voyait les impostures, le charlatanisme, et s’en amusait. Il se faisait initier à toutes les bizarreries, fabriquait lui-même des oracles, composait des antidotes et se raillait de la médecine. Comme Néron, ce fut un lettré, un artiste, sur le trône[4]. Sa facilité pour la peinture, la sculpture,

  1. In conloquiis humillimorum civilissimus fuit, detestans eos qui sibi hanc voluptatem humanitatis inviderent. Spartien, Adr., 20.
  2. Spartien, Adr., 16.
  3. Curiositatum omnium explorator. Tertullien, Apol., 5. Cf. Spartien, Adr., 1, 14, 15, 16, 19, 20 ; Dion Cassius, LXIX, 3 ; Eusèbe, Chron., années 1 et suiv. d’Adrien.
  4. Dion Cassius, LXIX, 3, 4 ; Aurelius Victor, Epit., xiv, 2 ; Julien, Cæs., p. 24, Spanh.