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répandaient, profondément empreints des idées nouvelles. L’« Évangile de Pierre » était l’expression du pur docétisme. L’« Évangile selon les Égyptiens » était un remaniement, fait selon les idées de la théosophie alexandrine de l’« Évangile selon les Hébreux[1] ». L’union des sexes y était condamnée. « Le Seigneur, interrogé par Salomé quand arrivera son règne, répondit : « Quand vous foulerez aux pieds le vêtement de la pudeur, quand deux feront un, quand ce qui est extérieur sera semblable à ce qui est intérieur, et que le mâle uni à la femelle ne sera ni mâle ni femelle[2]. » Interprétées selon les règles du vocabulaire de Philon, ces singulières paroles signifient que, au terme de l’humanité, le corps sera spiritualisé et rentrera dans l’âme, si bien que l’homme ne sera plus qu’un pur esprit. Les « tuniques de peau » dont Dieu couvrit Adam deviendront alors inutiles ; l’innocence première régnera de nouveau.

  1. Voyez les Évangiles, p. 112. On le confond quelquefois avec l’Évangile de Basilide.
  2. Clém. d’Alex., Strom., III, 6, 9, 13 ; prétendue IIe épître de Clément Romain, ch. 12.