Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/204

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la Judée, une patère à la main, semble participer au sacrifice qui s’apprête[1]. Voilà comment l’optimisme officiel renseigne les souverains. Au fond, l’opposition de l’Orient et de l’Occident ne faisait que s’accentuer de plus en plus, et des signes certains ne permettaient pas à l’empereur d’en douter. Son éclectisme bienveillant était parfois singulièrement ébranlé.

De Syrie, Adrien se rendit en Égypte par Petra. Son mécontentement, sa mauvaise humeur contre les Orientaux augmentaient à chaque pas. L’Égypte avait été peu auparavant fort troublée. La renaissance des vieux cultes, qui s’opérait de tous les côtés, y amena quelque fermentation. Il y avait très-longtemps qu’on n’avait vu un Apis ; on commençait à oublier ces vieilles chimères, quand tout à coup une clameur s’éleva : on avait trouvé l’animal miraculeux ; on se l’arrachait, tout le monde voulait l’avoir[2]. Le christianisme lui-même n’avait pas en Égypte une tenue aussi sévère qu’ailleurs ; il s’y mêlait beaucoup de superstitions païennes. Adrien s’amusa de toutes ces folies. Une jolie lettre, qu’il écrivit vers ce temps à son beau-frère Servien, nous a été conservée[3] :

  1. Eckhel, VI, p.495-496 ; Cohen, nos  606-610 ; Madden, p. 212-213.
  2. Spartien, Adrien, 12. C’est peut-être l’Apis dont le sarcophage est au sérapéum de Memphis, abandonné à moitié chemin de la cella où il devait reposer.
  3. Vopiscus, Saturninus, 8. Vopiscus l’avait prise dans Phlé-