Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/211

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complétées par des ouvrages avancés en pierraille. Ce qui restait de Juifs en Égypte et en Libye accourait pour grossir la masse des révoltés[1].

Il faut rendre cette justice aux parties éclairées de la nation qu’elles restèrent en dehors d’un mouvement qui supposait une prodigieuse ignorance du monde et un complet aveuglement. En général, les pharisiens se montrèrent défiants, réservés. Beaucoup de docteurs s’enfuirent en Galilée[2], d’autres en Grèce[3], pour éviter l’orage qui s’approchait. Plusieurs ne cachaient pas leur fidélité à l’empire, lui attribuaient même une sorte de légitimité[4]. Rabbi Josué ben Hanania paraît avoir agi jusqu’à son extrême vieillesse dans le sens de la conciliation ; après lui, disent les talmudistes, se perdirent le conseil et la prudence[5]. On vit dans cette circonstance ce qui s’était toujours vu depuis plus de cent ans : le peuple, facile à duper au moindre souffle d’espérances messianiques, allait en avant malgré les docteurs ; ceux-ci ne pensaient qu’à leur casuistique, et, s’ils mouraient, ce n’était pas en combattant, c’était pour se défendre de manquer à la Loi.

  1. Syncelle, 660, Bonn.
  2. Tosiphta Kélim, c. xii ; Derenbourg, Palest., 421, 429.
  3. Justin, Dial., 1.
  4. Talm. de Bab., Aboda zara, 18 a.
  5. Talm. de Bab., Sota, 4 b ; Bereschith rabha, c. 64.