Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/244

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le christianisme sur l’usure et le commerce. Le juif devint alors, et fut pendant une grande partie du moyen âge, un personnage nécessaire, sans lequel le monde ne pouvait accomplir les transactions les plus simples. Le libéralisme moderne devait seul mettre un terme à cette situation exceptionnelle. Le décret de l’Assemblée constituante de 1791 les refit membres d’une nation et citoyens.

Dans ce monde brûlé par une sorte de feu volcanique intérieur, il y avait des oasis. Quelques survivants du sadducéisme, traités d’apostats par leurs coreligionnaires, gardaient au milieu de ces rêves mystiques la saine philosophie de l’Ecclésiaste[1]. Les juifs des provinces soumises aux Arsacides vivaient assez heureux et observaient la Loi sans trouble. On peut placer dans ces provinces, par exemple en Adiabène, la composition d’un livre charmant, dont la date est incertaine[2] et qui ne fut traduit en grec

  1. C’étaient, paraît-il, ceux qu’on appelait masbothéens (voir les Évang., p. 450, surtout le passage des Const.), si ce nom dérive, comme on peut le croire, de Jérém., iii, 6, 8, 11, et signifie « l’Apostasie d’Israël ».
  2. Voir l’appendice ii à la fin du volume. Les premières traces du livre de Tobie se trouvent dans l’épître attribuée à Polycarpe, ch. x ; dans l’homélie connue sous le nom de 2me Épître de Clément Romain, ch. xvi (comp. Tobie, xii, 8-9) ; dans Clément d’Alexandrie, Strom., I, xxi, p. 142 ; II, xxiii, p. 181, et dans le Midrasch rabba sur Genèse, xxviii, 22 (iiie siècle).