Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/304

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des juifs pour auteurs ; selon d’autres, des judéo-chrétiens ; ce qu’il y a de certain, c’est que des juifs y collaborèrent, puisqu’elle vient directement de l’hébreu[1] et qu’elle offre de remarquables parallélismes avec les Targums. Cette version fut exécutée, selon toutes les apparences, à Édesse. Plus tard, quand le christianisme domina dans ces contrées, on traduisit les écrits du Nouveau Testament dans un dialecte tout à fait analogue à celui de l’ancienne Peschito.

Cette école d’hébraïsants chrétiens ne se prolongea pas au delà du iie siècle. L’orthodoxie des Églises helléniques se montra toujours en défiance contre la vérité hébraïque ; la piété n’inspirait pas le désir de la consulter ; l’étude de l’hébreu était entourée pour un non-juif de difficultés presque insurmontables. Origène, Dorothée d’Antioche, saint Jérôme furent des exceptions. Même les juifs vivant dans les pays grecs ou latins négligeaient fort le vieux texte. Rabbi Meïr, obligé de se rendre en Asie, ne trouve pas chez les habitants un livre d’Esther en hébreu ; il le leur écrit de mémoire, afin de pouvoir en faire lecture dans la synagogue, le jour de

  1. Les traducteurs syriens eurent même entre les mains des originaux hébreux maintenant perdus, par exemple le texte hébreu de la Sagesse de Jésus, fils de Sirach (notez surtout xlix, 11).