Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/322

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même à l’anthropophagie[1]. On est tenté d’y voir une camorre organisée contre les lois. La délation avait, d’ailleurs, dans le droit antique, malgré les édits des bons empereurs, une importance qu’heureusement elle n’a plus[2]. De là un type de libelles en quelque sorte rédigés d’avance[3], et auxquels aucun chrétien n’échappait.

Tout était faux assurément dans ces rumeurs populaires ; des faits mal compris semblaient pourtant y donner du corps. Certaines enquêtes avaient tourné au détriment des inculpés. Les apologistes ne le nient pas ; le respect de la chose jugée les arrête[4] ; mais ils rejettent le mal sur les sectes dissidentes, et ils demandent qu’on n’étende pas à tous le délit de quelques-uns. Les réunions nocturnes,

  1. Juvénal, xv, 11 et suiv.
  2. Rescrits de Trajan et d’Adrien ; Justin, Apol. I, 7 ; Méliton, dans Eus., H. E., IV, xxvi, 5.
  3. Justin, Apol. I, 26 ; Apol. II, 12, 13, 14 ; Dial., 10, 17, 108 ; Athénagore, 3 ; Minucius Félix, 9 (d’après Fronton), 10, 30, 31 (d’après Fronton) ; Tertullien, Apol., 2, 4, 7, 8, 39 ; Ad nationes, I, 7, 16 ; Ad uxorem, II, 4 ; Lettre des Égl. de Lyon et de Vienne, dans Eus., H. E., V, i, 14, 26, 52 ; Apulée, Métamorph., IX, p. 620-621, Ruhnkenius.
  4. Justin, Apol. I, 7. Comparez le passage de Basilide sur le martyre, où il soutient que ceux qui souffrent ὅτι χριστιανοὶ πεφυκότες, auraient presque toujours mérité de souffrir ὡς ὁ μοιχὸς ἢ ὁ φονεύς (dans Clém. d’Alex., Strom., IV, 12).