Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/327

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ries de tous les gens d’esprit et de bon sens ; les chrétiens applaudissaient à ces persiflages[1]. Un fait curieux est celui de cet Œnomaüs de Gadare, philosophe cynique, qui, ayant été trompé par un faux oracle, se prit de mauvaise humeur et se vengea par un livre intitulé : les Fourbes dévoilés, où il ridiculisait agréablement comme une imposture la superstition dont un moment il avait été dupe. Ce livre fut accueilli avec empressement par les chrétiens et par les juifs. Eusèbe l’a inséré tout entier dans sa Préparation évangélique[2], et les juifs paraissent avoir mis l’auteur sur le même pied que Balaam, dans la classe des apologistes involontaires d’Israël et des apôtres parmi les païens[3].

Les chrétiens et les stoïciens, en réalité beaucoup plus ressemblants entre eux que les chrétiens et les épicuriens, ne sont jamais comparés, jamais confondus[4]. Les stoïciens n’affichaient pas de marques

  1. Minucius Félix, 26 et suiv.
  2. Eusèbe, Præp. evang., V, 18-36 ; VI, 6, 7 ; Chronique, an 3 d’Adrien ; Théodoret, De cur. Græc aff., serm. vi, p. 561, 562 ; x, p. 631 ; Tillemont, Emp., II, p. 279 ; Fragm. philos. græc. (Mullach), II, p. 359 et suiv.
  3. Bereschith rabba, ch. 65 ; Schemoth rabba, ch. 13 ; Ruth rabba, i, 8 ; Talm. de Bab., Aboda zara, 3 a ; Chagiga, 15 b. Cf. Grætz, IV, p. 192, 469-470.
  4. C’est bien plus tard que le Manuel d’Épictète fut adopté par les moines chrétiens.