de dédain pour le culte public. Le courage des martyrs chrétiens leur paraissait une folle obstination, une affectation d’héroïsme tragique, un parti pris de mourir, qui ne méritait que le blâme[1]. Ces troupes d’affolés d’Asie, qui venaient demander la mort, les irritaient[2]. Ils les confondaient avec ces cyniques, vains et orgueilleux, qui recherchaient des morts théâtrales et se brûlaient vifs pour faire parler d’eux[3].
Certes il y avait plus d’une ressemblance extérieure entre le philosophe chrétien et le cynique : vêtement austère, perpétuelle déclamation contre le siècle, vie détachée, résistance ouverte aux autorités. Les cyniques, outre un costume analogue à celui des moines mendiants du moyen âge, avaient une certaine organisation, des novices, des supérieurs[4]. C’étaient des professeurs publics de vertu, des censeurs, des évêques, « des anges des dieux », à leur manière ; on leur attribuait une vocation pastorale,
- ↑ Épictète (Arrien), Dissert., IV, vii, 6 (comp. II, ix, 20-21) ; Marc-Aurèle, XI, 3 (voir cependant les Apôtres, p. 235). Comp. moriendi contemptus, Tacite, V, 5 ; Tertullien, De spect., 1 ; Ad nat., I, 17, 18 ; De patientia, 2 ; Min. Félix, 8 ; Épître à Diognète, 1 ; Lucien, Peregr., 13 (voir ci-après, p. 465-466).
- ↑ Tertullien, Ad Scap., 5 ; Justin, Apol. II, 4.
- ↑ Voir surtout la Mort de Peregrinus de Lucien. Ci-après, p. 464 et suiv.
- ↑ Lucien, Peregr., 15, 36, 44. Comparez τὰ τέλη τῶν κυνῶν (36) à οἱ ἐν τέλει χριστιανῶν (12), signifiant le clergé.