Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/342

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double d’artifice, invente mille prestiges, s’empare de l’esprit de Néron. Il réussit même à passer dieu et à se faire adorer. Ses admirateurs lui élèvent des autels, et ces autels, selon l’auteur, on les montrait encore de son temps. Dans l’île du Tibre, en effet, était établi un collège du dieu sabin Semo Sancus ; là se trouvaient un grand nombre de cippes votifs semoni·deo·sanco, sur lesquels, avec un peu de complaisance, on croyait lire : simoni·deo·sancto[1].

La lutte décisive devait avoir lieu en présence de l’empereur. Simon avait annoncé pour programme qu’il s’élèverait en l’air et y planerait comme un dieu. Il s’éleva en effet ; mais, sur un signe de Pierre, l’outre de ses sortilèges fut crevée ; il tomba honteusement et se brisa[2]. Un accident tout semblable était arrivé dans l’amphithéâtre du champ de Mars sous Néron. Un individu qui avait prétendu s’élever en l’air, à la façon d’Icare, était tombé sur l’angle de la loge de l’empereur ; celui-ci fut inondé de sang[3]. Peut-être aussi quelques faits réels de la vie du charlatan samaritain servirent-ils de base à ces contes. En tout cas, la déconvenue de l’imposteur était présentée

  1. Voir les Apôtres, p. 275, note 1.
  2. Acta Petri et Pauli, 70-77 ; Constit. apost., VI, 9 ; Pseudo-Hégésippe, III, 2.
  3. V. l’Antechrist, p. 419-420.