Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/348

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dieu n’existait pas. « Si je manque à mes engagements, doit ajouter le néophyte, que l’univers me soit ennemi, ainsi que l’éther, qui pénètre tout, et le dieu qui est au-dessus de tout, le meilleur, le plus grand des êtres. Et si je viens à connaître quelque autre dieu, je jure aussi, par ce dieu, que je tiendrai les engagements que je viens de prendre, soit que le dieu existe, soit qu’il n’existe pas. » En signe de société secrète, l’initiateur et l’initié prenaient ensuite le pain et le sel.

Ces bizarreries de sectaires peu éclairés fussent restées sans conséquence ailleurs qu’à Rome ; mais tout ce qui se rapportait à Pierre prenait dans la capitale du monde des proportions considérables. Malgré ses hérésies, le livre des Cérygmes avait pour les orthodoxes un grand intérêt. La primauté de Pierre y était proclamée. Saint Paul y était injurié ; mais quelques retouches pouvaient atténuer ce que de pareilles attaques avaient de choquant. Aussi plusieurs essais furent-ils faits pour diminuer les singularités du livre nouveau et l’adapter aux besoins des catholiques. Ces façons de remanier les livres dans le sens de la secte dont on faisait partie étaient à l’ordre du jour[1]. Peu à peu la force des choses

  1. Contestatio Jac., 5.