gentil qui se convertissait faisait pencher la balance
de son côté. Hors de Syrie, les judéo-chrétiens
étaient comme noyés par le flot des nouveaux convertis.
Les Églises de Paul prospéraient ; elles avaient
un bon sens, une sobriété d’esprit, des ressources
pécuniaires que les autres n’avaient pas. Les Églises
ébionites, au contraire, s’appauvrissaient tous les
jours. L’argent des Églises de Paul passait à faire
vivre des pauvres glorieux, incapables de rien gagner,
mais qui possédaient la tradition vivante de l’esprit
primitif. Ce qu’il y avait chez ces derniers de piété élevée,
de sévérité de mœurs, les communautés de chrétiens
d’origine païenne l’admiraient, l’imitaient, se
l’assimilaient. Bientôt on arriva, pour les personnes
les plus éminentes de l’Église de Rome, à ne plus
pouvoir faire la distinction. L’esprit doux et conciliant,
qui avait déjà été représenté par Clément
Romain et saint Luc, prévalut. Le contrat de paix fut
scellé. On convint, selon le système de l’auteur des
Actes[1], que Pierre avait converti les prémices des
gentils, que le premier il les avait déliés du joug de
la Loi[2]. Il fut admis que Pierre et Paul avaient été
les deux chefs, les deux fondateurs de l’Église de
Rome. Pierre et Paul devinrent les deux moitiés
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