Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/351

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d’un couple inséparable, deux luminaires comme le soleil et la lune. Ce que l’un a enseigné, l’autre l’a enseigné aussi : ils ont toujours été d’accord, ils ont combattu les mêmes ennemis, ont été tous deux victimes des perfidies de Simon le Magicien ; à Rome, ils ont vécu comme deux frères ; l’Église de Rome est leur œuvre commune[1] — La suprématie de cette Église fut de la sorte fondée pour des siècles[2].

Ainsi de la réconciliation des partis et de l’apaisement des luttes primitives sortit une grande unité, l’Église catholique, l’Église à la fois de Pierre et de Paul, étrangère aux rivalités qui avaient marqué le premier siècle du christianisme. C’étaient les Églises de Paul qui avaient montré le plus d’esprit de conciliation ; ce furent elles qui triomphèrent. Les ébionites obstinés restèrent dans le judaïsme et participèrent de son immobilité. — Rome fut le point où s’opéra cette grande transformation. Déjà la haute destinée chrétienne de cette ville extraordinaire s’écrivait en traits lumineux. La translation de la Pâque au jour de la résurrection, qui était en quelque sorte la proclamation de l’autonomie du christianisme, y était accomplie au moins dès le temps d’Adrien[3].

  1. Acta Petri et Pauli, 5, 22, 26, 60, 72. Cf. II Petri, ii, 9.
  2. Irénée, III, iii, 2.
  3. Irénée, dans Eus., H. E., V, xxiv, 14.