aussi impérieux que celui qui avait présidé à la confection
de la légende de Jésus. La fin de la vie de
Pierre et Paul était commandée a priori. On soutint
que le Christ avait annoncé le martyre de Pierre,
comme il avait prédit la mort des fils de Zébédée[1].
On éprouvait le besoin d’associer dans la mort les
deux personnages qu’on avait réconciliés de force.
On voulut, et peut-être en cela n’était-on pas loin
du vrai, qu’ils fussent morts ensemble, ou du moins
par suite du même événement. Les lieux qu’on crut
avoir été sanctifiés par ce drame sanglant furent fixés
de bonne heure et consacrés par des memoriæ[2]. En
pareil cas, ce que le peuple veut finit toujours par
l’emporter. Il n’y a pas de lieu populaire en Italie
où ne se voient côte à côte les portraits de Victor-Emmanuel
et de Pie IX, et la croyance générale veut
que ces deux hommes, représentant des principes dont
la réconciliation est, selon le sentiment le plus général,
nécessaire à l’Italie, aient été au fond très-bien
ensemble. Si, de notre temps, de pareilles vues s’imposaient
à l’histoire, on lirait un jour, dans des documents
réputés sérieux, que Victor-Emmanuel, Pie IX
(on y joindrait probablement Garibaldi) se voyaient
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