loi, sans caractère supérieur, fut impuissante contre
le mal. Elle représentait la justice, mais non la
bonté. L’apparition du Christ fut la manifestation du
Dieu complet, bon et juste à la fois. L’Ancien Testament
n’était pas seulement différent du christianisme ;
il y était contraire. Marcion composa un
ouvrage intitulé Antithésis, où les deux Testaments
étaient mis en flagrante contradiction. Apelle, son disciple,
écrivit un livre pour montrer que Moïse n’avait
rien écrit de Dieu qui ne fût faux et messéant[1].
Une objection capitale contre cette théorie venait des Évangiles divers alors en circulation, et plus ou moins conformes à ce que nous appelons le type synoptique. Le quatrième Évangile était encore peu répandu, et Marcion ne le connaissait pas ; sans quoi, assurément, il l’eut préféré aux autres[2]. Dans les récits généralement admis sur Jésus, l’empreinte juive se remarque à chaque page ; Jésus parle en Juif, agit en Juif. Marcion s’imposa la rude tâche de changer tout cela[3]. Il se fit un Évangile où Jésus
- ↑ Tert., (ut fertur), Præscr., 51 ; Origène, In Cels., V, 54 ; In Gen., hom. ii, 2 ; Eusèbe, H. E., V, 13.
- ↑ Notez la dureté du quatrième Évangile pour la famille de Jésus, pour les Juifs, meurtriers de Jésus, enfants du diable.
- ↑ Selon l’auteur de l’opuscule qui fait suite aux Prescriptions de Tertullien, De præscr., 51, Cerdon aurait déjà fait les retranchements qui caractérisaient le canon de Marcion.