Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/41

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les juifs, au contraire, l’attente d’une reconstruction du temple était universelle. Le judaïsme de Iabné, sans temple, sans culte, avait paru un court interrègne. Les usages supposant le temple debout étaient conservés. La dîme continuait d’être payée aux prêtres ; les préceptes de pureté lévitique ne cessaient pas d’être strictement gardés. On ajournait les sacrifices obligatoires au temps où la reconstruction aurait eu lieu[1] ; mais cette reconstruction ne pouvait s’exécuter que par les juifs ; le moindre manquement aux prescriptions légales eût suffi pour faire crier au sacrilège[2]. Mieux valait, aux yeux du pieux Israélite, voir le sanctuaire habité par les bêtes de la nuit que d’être redevable de sa restauration à un rieur profane, qui, après l’avoir relevé, n’eût pas manqué de faire quelque épigramme sur les dieux bizarres dont parfois il rétablissait les autels.

Jérusalem était pour les juifs une chose presque aussi sainte que le temple. À vrai dire, on ne distinguait pas l’un de l’autre, et, dès ce temps, on désignait déjà la ville par le nom de Beth hammiqdas[3].

  1. Talm. de Jér., Schabbath, i, 6. Comp, les dix-huit bénédictions et la phrase fréquente מהר יבנה בית המקדש. (Derenbourg, Palestine, p. 403.)
  2. Bereschith rabba, c. 64.
  3. بيت القدس des Arabes.