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pour les lectures de la semaine sainte[1]. Puis l’antipathie de l’Église grecque orthodoxe contre les apocalypses, antipathie qui fut impuissante contre l’Apocalypse de Jean, réussit à expulser celle-ci et même à la détruire tout à fait[2].

L’usage de la lecture publique des écrits apostoliques et prophétiques dans les églises consommait, si l’on peut s’exprimer ainsi, beaucoup de livres ; le cercle des écrits reçus était vite parcouru, et les lecteurs se jetaient avec empressement sur les livres nouveaux qui paraissaient, même quand leurs titres à la théopneustie n’étaient pas fort en règle. Il en résultait des espèces de modes, qui faisaient des succès de dix et vingt ans. Parfois, quand le livre était démodé, on en limitait la lecture à un jour fixe par an.

Cela se voit avec clarté dans un curieux petit écrit de ce temps qui nous a été conservé ; c’est une sorte de prône[3], vraisemblablement à l’usage de l’Église

  1. Sozomène, H. E., VII, 19.
  2. Eusèbe, H. E., III, iii, 2 ; xxv, 4 ; saint Jérôme, De viris ill., 1. Macarius Magnès (l. c.), vers l’an 400, y est encore favorable (Z. für KG., II, p. 458-459).
  3. C’est le morceau désigné sous le nom tout à fait inexact de Seconde épitre de saint Clément, et connu maintenant dans son entier, grâce à la publication du métropolite Philothée Bryenne (Κλήμ. ἐπιστ., Constantinople, 1875). Cf. Patres apost. de Gebhardt