Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/453

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apocalyptiques, il paraît s’être rapproché de Papias. — Miltiade, de son côté, fut un laborieux écrivain, un polémiste zélé, qui lutta contre les païens, contre les juifs, contre les montanistes, contre les prophéties des extatiques, et fit une apologie de la philosophie chrétienne, adressée aux autorités romaines[1].

Le vieux Polycarpe, surtout, jouissait à Smyrne d’une haute autorité[2]. Il était plus qu’octogénaire, et il semble qu’on le regardait comme ayant hérité de la longévité de l’apôtre Jean ; on lui accordait le don de prophétie ; on prétendait que toute parole de lui avait son plein effet[3]. Lui-même vivait dans la croyance que le monde est rempli de visions et de présages[4]. Nuit et jour, il priait, embrassant dans sa prière les besoins du monde entier[5]. Comme tous admettaient qu’il avait vécu plusieurs années avec l’apôtre Jean, on croyait posséder encore en lui le

  1. Eus., H. E., V, ch. xvii ; saint Jérôme, De viris ill., 39 ; Tertullien, In Val., 5.
  2. Irénée, lettre à Florin, dans Eusèbe, H. E., V, 20 ; le même, lettre à Victor, dans Eus., H. E., V, xxiv, 16 ; le même, Adv. hær., III, iii, 4 (Eus., IV, 14) ; traité de l’Ogdoade, Eus., H.E., V, xx, 1 ; Polycrate, dans Eus., V, xxiv, 3 ; saint Jér., De viris ill., 17. Cf. l’Antechrist, p. 564 et suiv.
  3. Martyr. Polyc., 5, 12, 16.
  4. Martyr. Polyc., 5, 12. Cf. les Actes de saint Pione, §§ 2, 6.
  5. Martyr. Polyc., 5, 14.