Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/455

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cation. Un écho de la Galilée se faisait ainsi entendre, à cent vingt ans de distance, sur les bords d’une autre mer. Il répétait sans cesse que c’étaient là des témoins oculaires, et que lui les avait vus. Il ne se faisait pas plus de difficulté que les évangélistes de prêter à ces presbyteri des maximes mieux adaptées au iie siècle qu’à l’époque où ils étaient censés avoir vécu. À tant d’autres traditions obscures sur les origines du christianisme, une nouvelle source, plus trouble que les autres, vint de la sorte s’ajouter[1].

L’impression que produisait Polycarpe n’en était pas moins profonde. Longtemps après, ses disciples se rappelaient l’un à l’autre le banc où il s’asseyait, sa démarche, ses habitudes, les traits de son corps, sa façon de parler. Chacune de ses paroles, ils la gravaient dans leur cœur. Or, dans le cercle qui l’entourait, était un jeune Grec d’une quinzaine d’années[2], destiné à jouer un rôle de premier ordre dans l’histoire ecclésiastique ; c’était cet Irénée[3], qui devait nous

  1. Voir les Presbyterorum reliquiæ, recueillies dans les œuvres d’Irénée par MM. de Gebhardt et Harnack, Patres apost., I, ii, p. 105 et suiv. On y remarque des traces de polémique contre les gnostiques et Marcion.
  2. Παῖς ἔτι ὤν.
  3. Les indices pour mettre Irénée en rapport avec Papias sont très-faibles. Saint Jérôme, Epist. 29 (53), ad Theodoram. IV, 2e part., col. 581, Mart. Cf. Gebh. et Harn., Patres apost., I, ii,