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des rites et des observances extérieures. Plus tard, Rome mettra une grande obstination à faire prévaloir son rite[1]. À vrai dire, il ne s’agissait pas simplement, dans cette question de la Pâque, d’une simple différence de calendrier. Le rite romain, en prenant pour base de la grande fête chrétienne les anniversaires de la mort et de la résurrection de Jésus, créait la semaine sainte, c’est-à-dire tout un cycle de jours consacrés à des commémorations mystérieuses, durant lesquels le jeûne se continuait. Dans le rite asiatique, au contraire, le jeûne finissait au soir du 14 de nisan[2] ; le vendredi saint n’était plus un jour de deuil. Si cet usage l’eût emporté, le système des fêtes chrétiennes eût été arrêté dans son développement.

Les évêques orthodoxes avaient encore trop d’ennemis communs pour s’arrêter à de mesquines rivalités de liturgie ; les sectes gnostiques et les marcionites inondaient Rome, et menaçaient de réduire l’Église orthodoxe à n’être qu’une minorité. Polycarpe était l’adversaire déclaré de ces idées. Comme Justin, et probablement d’accord avec celui-ci, il fit contre les sectaires des prédications fougueuses. Le rare privilège qu’il avait d’avoir vu les disciples

  1. Voir notre livre VII.
  2. Eus., H. E., V, xviii, 1.