Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

composée tout entière de compatriotes, de disciples, d’amis de Polycarpe.

Les communications entre Lyon et Vienne étaient continues ; les deux Églises n’en faisaient guère qu’une ; dans toutes les deux, le grec dominait ; mais, dans toutes les deux aussi, il existait entre les émigrés d’Asie et la population indigène, parlant latin ou celtique[1], d’étroites relations. L’effet de cette prédication intime de la maison et de l’atelier fut rapide et profond. Les femmes surtout se sentirent vivement entraînées. Naturellement sympathique et religieuse, la nature gauloise s’ouvrit promptement aux idées nouvelles apportées par ces étrangers. Leur religion à la fois très-idéaliste et très-matérielle, leur croyance en de perpétuelles visions, leur habitude de transformer des sensations vives et fines en intuitions surnaturelles[2], allaient très-bien à ces races, portées au rêve religieux et que les cultes insuffisants de la Gaule et de Rome ne pouvaient satisfaire. Le ministère évangélique s’exerçait parfois en langue celtique[3]. Il est remarquable que, parmi les

  1. Lettre, § 20.
  2. Comparez les Actes de saint Polycarpe, de saint Pione, des martyrs de Lyon, analogues entre eux à tant d’égards, surtout par la place qu’y tient la vision.
  3. Irénée, I, proœm., 3.