Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/503

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gale. Le mari protesta, intenta une action, alléguant que sa femme était chrétienne. La femme obtint des délais. Le mari irrité tourna, comme il était naturel, toute sa colère contre Ptolémée.

Il réussit à le faire arrêter par un centurion de ses amis, à qui il persuada de lui demander simplement s’il était chrétien. Ptolémée en convint et fut mis en prison. Après une très-dure détention, il fut conduit devant Quintus Lollius Urbicus, préfet de Rome. Nouvel interrogatoire, nouvel aveu. Ptolémée est condamné à mort. Un chrétien nommé Lucius, présent à l’auditoire, interpelle Urbicus : « Comment peux-tu condamner un homme qui n’est ni adultère, ni voleur, ni homicide, qui n’a d’autre crime que de s’avouer chrétien ? Ton jugement est bien peu d’accord avec la piété de notre empereur et avec les sentiments du Philosophe, fils de César[1]. ». Lucius s’étant avoué chrétien, Urbicus le condamna également à mort. « Merci, répondit Lucius ; grâce à toi, je vais échanger des maîtres méchants pour un père, le roi du ciel. » Un troisième assistant fut saisi de la même fureur contagieuse de martyre. Il se proclama chré-

  1. C’est-à-dire de Marc-Aurèle qui était associé à l’empire depuis 147. Il y a ici quelque difficulté. Voir ci-dessus, p. 368, la suscription de la première apologie. Nous croyons que l’exclamation de Lucius ne doit pas être prise trop à la lettre. Peut-être faut-il répéter οὐδέ avant Καίσαρος παιδί.