Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/502

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le traitement qu’ils touchaient. On peut être pensionné, sans être pour cela un homme avare et intéressé. Un fait qui se passa vers le même temps à Rome montra combien il est dangereux d’opposer la persécution au fanatisme, même quand le fanatisme est agressif et taquin[1].

Il y avait à Rome un très-mauvais ménage, où le mari et la femme semblaient rivaliser d’infamie. La femme fut convertie au christianisme par un certain Ptolémée, abandonna ses désordres, fit tous ses efforts pour convertir son mari, et, n’y réussissant pas, songea au divorce. Elle craignait d’être complice des impiétés de celui à qui elle demeurait unie par la société d’une même table et d’un même lit. Malgré les conseils de sa famille, elle lui envoya les significations voulues par la loi, et quitta la maison conju-

  1. Justin, Apol. II. L’authenticité de cet ouvrage a été mise en doute pour des raisons insuffisantes. On a généralement admis, sur l’autorité d’Eusèbe, que la seconde apologie fut écrite sous Marc-Aurèle. Mais les §§ 2 et 15 se rapportent mieux à Antonin (cf. Apol. I, 1). Lollius Urbicus devint préfet de Rome vers 155 et garda cette fonction jusqu’en 160. Il ne l’occupait plus à l’avènement de Marc-Aurèle et de Lucius Verus (Noël Desvergers, Essai sur Marc-Aurèle, p. 54, et dans Aubé, saint Justin, p. 30-33, 68 et suiv. ; Cavedoni, Cenni, Modène, 1855 et 1858, Sentenza diffinitiva, ibid., 1856 ; Borghesi, Œuvres, VIII, p. 585 et suiv. (cf. 503 et suiv.) Les deux ἐπὶ Οὐρϐίκου du § 1 portent à croire que Urbicus n’était plus préfet de Rome quand Justin écrivit.