Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/55

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bets, le plus souvent aux respects des passants[1]. En embrassant le christianisme, les philosophes se gardaient de répudier leur nom et leur costume[2]. De là une catégorie de chrétiens inconnue jusque-là. Écrivains et parleurs de profession, ces philosophes convertis devenaient tout d’abord les docteurs et les polémistes de la secte. Initiés à la culture grecque, ils avaient plus de dialectique et d’aptitude à la controverse que les prédicateurs purement apostoliques. Moment solennel, qui marque l’arrivée à la pleine conscience ! Le christianisme, à partir de cette heure, eut ses avocats. Ils discutaient, et on discutait avec eux. Aux yeux du gouvernement, ils étaient des gens plus susceptibles d’être pris au sérieux que les bons adeptes, sans éducation, d’une superstition orientale. Jamais, jusqu’à présent, le christianisme n’avait osé s’adresser directement à l’autorité romaine pour demander que la fausse position qui lui était faite fût rectifiée. Le caractère d’aucun des empereurs qui avaient précédé n’invitait à de

  1. Justin, Dial. cum Tryph., ; Orig., Contre Celse, III, 50 ; Martial, IV, 53 ; Juvénal, xiii, 121 ; Galien, Therap. meth., XIII, 15 ; roman de Secundus (grec), init. ; Ammien Marcellin, XIV, ix, 5.
  2. Ainsi Aristide (Eus., Chron., à l’an 127 ; saint Jér., De viris ill., 20) ; Méliton (titre du De veritate, en syriaque) ; Athénagore (titres de ses ouvrages) ; saint Justin (titres de ses ouvrages ; Dial. cum Tryph., init. ; Eus., H. E., IV, viii, 3).