Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

telles explications. La pétition eût sans doute été rebutée et n’aurait été lue de personne. La curiosité d’Adrien, sa facilité d’esprit, la pensée qu’on lui faisait plaisir en lui présentant quelque fait ou quelque argument nouveau, encouragèrent au contraire des ouvertures qui, sous Trajan, eussent été sans objet. Il se mêlait à cela une pensée aristocratique, flatteuse pour le souverain et l’apologiste. Déjà le christianisme dévoile la politique qu’il suivra constamment à partir du ive siècle, et qui consistera surtout à traiter avec les souverains par-dessus la tête des peuples. « Avec vous, nous voulons bien discuter ; mais la foule ne vaut pas l’honneur qu’on lui donne des raisons[1]. »

Le premier essai en ce genre fut l’œuvre d’un certain Quadratus[2], personnage important de la troi-

  1. Σὲ μὲν καὶ λόγου ἠξίωσα· δεδιδάγμεθα γὰρ ἀρχαῖς… τιμὴν… ἀπονέμειν· ἐκείνους δὲ οὐχ ἡγοῦμαι ἀξίους τοῦ ἀπολογεῖσθαι αὐτοις Martyr. Polyc., 10.
  2. Eusèbe, Hist. eccl., IV, 3 ; Chron., Schœne, p. 166-167 ; saint Jér., De viris ill., 19 ; Epist., 83 (84) ; Photius, cod. clxii. Il est peu probable que Quadratus l’apologiste soit identique à l’évêque d’Athènes, Quadratus, successeur de Publius (Denys de Cor. dans Eus., H. E., IV, 23). Denys de Corinthe (vers 170) présente le martyre de Publius et la restauration de l’Église d’Athènes par l’évêque Quadratus comme des faits qui viennent de se passer. Les martyrologes n’ont ici rien de solide. Le prophète Quadratus (Eus., H. E., III, 37 ; V, 17) était aussi sans doute un