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de Zacharie[1], et de fournir une base à la conception qu’on se faisait d’une Église de Jérusalem continue de Titus à Adrien[2].

Saint Jérôme présente la même contradiction. Dans sa Chronique, calquée sur celle d’Eusèbe, il suit Eusèbe historien. Puis il oublie cette solide base, et parle, comme tous les Pères orateurs, du siège et de la destruction de Jérusalem sous Adrien[3]. Tertullien[4], saint Jean Chrysostome[5] s’expriment de même. On sait combien il est dangereux d’introduire dans l’histoire ces phrases vagues, familières aux prédicateurs et aux apologistes de tous les temps.

Encore moins faut-il se préoccuper des passages talmudiques où la même assertion se rencontre[6], mêlée à des monstruosités historiques qui enlèvent toute valeur auxdits passages[7]. Dans le Talmud, la confusion de la guerre de Titus et de celle qui eut lieu sous Adrien est perpétuelle. La description de Béther est calquée sur celle de Jérusalem ; la durée du siège est la même[8]. N’est-ce pas la preuve qu’on n’avait pas de souvenirs distincts du nouveau siège de Jérusalem, par la bonne raison qu’il n’avait pas existé ? Quand la légende eut créé ce siège par une sorte de travail

  1. Zach., xiv, 1 et suiv.
  2. Eusèbe, H. E. IV, 5.
  3. In Dan., iv ; In Joël, i : In Habacuc, ii ; In Jerem., xxxi ; In Ezech., v, xxiv ; In Zach., viii, xix.
  4. Contra Jud., 13.
  5. In Judæos, homil. v, 11. Opp., I, p. 645 (Montf.). Cf. Suidas, au mot βδέλυγμα ; Chronique d’Alexandrie, à l’an 119.
  6. Mischna. Taanith, iv, 6 ; Talm. de Bab., Taanith, 29 a. Il en faut dire autant de la Chronique Samaritaine, c. 42.
  7. M. Derenbourg en fait plusieurs fois la remarque. Palestine d’après les Talm., 431-433, 434, 436, note.
  8. Comp. Midrasch Eka. ii, 2, et Talm. de Jér., Taanith, iv, 6, à Midrasch Eka, i, 5. Cf. saint Jérôme, In Zach., viii.