Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/59

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statues, firent croire que c’était exprès qu’Adrien les avait fait bâtir ainsi. Au IIIe siècle, après qu’Alexandre Sévère eut réellement voulu bâtir un temple à Christ, les chrétiens répandirent l’idée qu’Adrien avait résolu d’en faire autant, et que les hadrianées avaient dû servir à l’installation de ce culte nouveau. Adrien, assurait-on, avait été arrêté parce que, en consultant les oracles sacrés, on y trouva que, si un pareil temple était bâti, tout le monde se ferait chrétien, si bien que les autres temples seraient abandonnés[1]. Plusieurs de ces hadrianées, en particulier ceux de Tibériade et d’Alexandrie, devinrent en effet des églises au ive siècle[2].

Même les folies d’Adrien avec Antinoüs furent un élément de l’apologétique chrétienne. Une pareille monstruosité parut le point culminant du règne du démon. Ce dieu récent, que tout le monde connaissait, fut fort exploité pour battre en brèche les autres dieux, plus anciens et moins faciles à prendre corps à corps[3]. L’Église triompha. Le moment d’Adrien

    pla sui nominis consecravit… Nunquam ipse… nomen suum scripsit… quum titulos in operibus non amaret. » Cf. Epiph., hær. xxx, 12 ; lxix, 2;

  1. Lampride, Alex. Sév., 43.
  2. Epiph., loc. cit.
  3. Carm. Sib., VIII, 57-58 ; Justin, Apol. I, 29 ; Hégésippe, dans Eus., H. E., IV, viii, 2 ; Athénagore, Leg., 30 ; Tatien, Adv. Gr.,