l’auteur. Les miracles étant la preuve par excellence d’une mission divine[1], il enchérit encore sur les récits de prodiges qui déparent les Évangiles primitifs. — Cérinthe, d’un autre côté, fut, à ce qu’il semble, un des facteurs de ces livres singuliers[2]. Cérinthe était devenu comme le spectre de Jean. La mobilité d’esprit de ce sectaire tantôt le rapprochait, tantôt l’éloignait des idées qui s’agitaient dans le cercle éphésien[3] ; si bien qu’il passa en même temps et pour l’adversaire que les écrits johanniques voulurent combattre, et pour le véritable auteur de ces écrits[4]. Telle est l’obscurité qui plane sur la question johannique, qu’on ne peut pas dire que cette dernière attribution soit impossible. Elle répondrait bien à ce qu’on nous apprend de Cérinthe, dont l’habitude était de couvrir ses rêveries du nom d’un apôtre ; elle expliquerait le mystère où le livre resta durant près de cinquante ans et l’opposition vive qui y fut faite[5]. La fureur particulière
- ↑ Cette idée est bien juive. Comparez la légende de Moïse, et Isaïe, vii, xxxviii.
- ↑ Irénée, III, xi, 1.
- ↑ Voir les Évangiles, ch. xviii.
- ↑ Épiphane, li, 3-4 ; Philastre, c. 60. Plusieurs lui attribuèrent aussi l’Apocalypse. Caïus, dans Eus., H. E., III, xxviii, 2 ; Denys d’Alex., dans Eus., H. E., III, xxviii, 4 ; VII, xxv, 2-5.
- ↑ Épiph., hær. li, en entier.