Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 6 Eglise chretienne, Levy, 1879.djvu/95

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signer lui-même par ces mots : le Presbytéros[1]. Le style, les pensées, la doctrine, sont les mêmes, à très-peu de choses près, que dans l’Évangile et dans l’épître censés johanniques[2]. Nous croyons que Presbytéros en est aussi l’auteur ; mais, cette fois, il n’a pas voulu faire passer ses opuscules pour des œuvres de Jean[3]. Ce sont moins, à vrai dire, deux lettres proprement dites, que des petits formulaires de lettres, analogues aux épîtres à Tite et à Timothée, des lieux communs d’épistolographie apostolique,

  1. Nous disons « qui a l’air » ; car ces lettres étant des modèles épistolaires, où l’on a laissé les noms en blanc, il se peut que ὁ πρεσϐύτερος soit, comme ἐκλεκτὴ κυρία, un équivalent de ὁ δεῖνα : « Le presbytéros un tel à la dame élue une telle. » Il est plus probable cependant que ὁ πρεσϐύτερος représente ici le personnage même que Papias appelait par excellence ὁ πρεσϐύτερος (l. c.).
  2. Notez surtout l’opposition au docétisme.
  3. Origène (dans Eus., VI, xxv, 10) doute de l’authenticité des deux petites épîtres. Eusèbe (H. E., III, xxv, 2-3 ; voir cependant Demonstr. évang., III, 5) les place parmi les écrits contestés et ouvre l’hypothèse des homonymes. Saint Jérôme (De viris ill., 9, 18) dit qu’on les attribue communément au Presbytéros. Le décret de Gélase les présente comme l’œuvre de ce dernier. De bonne heure, néanmoins, ces deux épîtres passèrent pour être du même auteur que la I Johannis. Irénée, I, xvi, 3 ; III, xvi, 8 ; Canon de Muratori, lignes 68-69 ; Clém. d’Alex., Hypotyposes, p. 371 (cf. Eus., H. E., VI, 14) ; Strom., II, ch. xv ; Denys d’Alex., dans Eus., H. E., VII, 25 ; Aurelius de Chullu, au troisième concile de Carthage, sous saint Cyprien (Labbe, I, col. 795).