Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Simon Pierre, parfois à se mettre avant lui, dans des circonstances importantes où les évangélistes plus anciens l’avaient omis.

Parmi les personnages qui précèdent, tous ceux dont on sait quelque chose avaient commencé par être pêcheurs. En tout cas, aucun d’eux n’appartenait à une classe sociale élevée. Seul Matthieu, ou Lévi, fils d’Alphée, avait été publicain. Mais ceux à qui on donnait ce nom en Judée n’étaient pas les fermiers généraux, hommes d’un rang élevé (toujours chevaliers romains) qu’on appelait à Rome publicani. C’étaient les agents de ces fermiers généraux, des employés de bas étage, de simples douaniers. La grande route d’Acre à Damas, l’une des plus anciennes routes du monde, qui traversait la Galilée en touchant le lac, y multipliait fort ces sortes d’employés. Capharnahum, qui était peut-être sur la voie, en possédait un nombreux personnel. Cette profession n’est jamais populaire ; mais chez les Juifs elle passait pour tout à fait criminelle. L’impôt, nouveau pour eux, était le signe de leur vassalité ; une école, celle de Juda le Gaulonite, soutenait que le payer était un acte de paganisme. Aussi les douaniers étaient-ils abhorrés des zélateurs de la loi. On ne les nommait qu’en compagnie des assassins, des voleurs de grand chemin, des gens de vie infâme. Les Juifs qui acceptaient de telles fonctions étaient excommuniés et devenaient inhabiles à tester ; leur caisse était maudite, et