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Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/150

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mirent dans un tombeau. Le peuple fut très-mécontent. Six ans après, Hâreth ayant attaqué Antipas pour reprendre Machéro et venger le déshonneur de sa fille, Antipas fut complètement battu, et l’on regarda généralement sa défaite comme une punition du meurtre de Jean.

La nouvelle de cette mort fut portée à Jésus par des disciples mêmes du baptiste. La dernière démarche que Jean avait faite auprès de Jésus avait achevé d’établir entre les deux écoles des liens étroits. Jésus, craignant de la part d’Antipas un surcroît de mauvais vouloir, prit quelques précautions et se retira au désert. Beaucoup de monde l’y suivit. Grâce à une extrême frugalité, la troupe sainte y vécut ; on crut naturellement voir en cela un miracle. A partir de ce moment, Jésus ne parla plus de Jean qu’avec un redoublement d’admiration. Il déclarait sans hésiter qu’il était plus qu’un prophète, que la Loi et les prophètes anciens n’avaient eu de force que jusqu’à lui, qu’il les avait abrogés, mais que le royaume du ciel l’abrogerait à son tour. Enfin, il lui prêtait dans l’économie du mystère chrétien une place à part, qui faisait de lui le trait d’union entre le vieux Testament et l’avénement du règne nouveau.

Le prophète Malachie, dont l’opinion en ceci fut vivement relevée, avait annoncé avec beaucoup de force un précurseur du Messie, qui devait préparer les hommes au renouvellement final, un messager qui viendrait