Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/255

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Une circonstance fortuite, le chant du coq, lui rappela un mot que Jésus lui avait dit. Touché au cœur, il sortit et se mit à pleurer amèrement.

Hanan, bien qu’auteur véritable du meurtre juridique qui allait s’accomplir, n’avait pas de pouvoirs pour prononcer la sentence de Jésus ; il le renvoya à son gendre Kaïapha, qui portait le titre officiel. Cet homme, instrument aveugle de son beau-père, devait naturellement tout ratifier. Le sanhédrin était rassemblé chez lui. L’enquête commença ; plusieurs témoins, préparés d’avance, comparurent devant le tribunal. Le mot fatal, que Jésus avait réellement prononcé : « Je détruirai le temple de Dieu, et je le rebâtirai en trois jours, » fut cité par deux témoins. Blasphémer le temple de Dieu était, d’après la loi juive, blasphémer Dieu lui-même. Jésus garda le silence et refusa d’expliquer la parole incriminée. Ce fut en général, à ce dernier moment, sa règle de conduite. La sentence était arrêtée ; on ne cherchait que des prétextes. Jésus le sentait, et n’entreprit pas une défense inutile. Au point de vue du judaïsme orthodoxe, il était bien vraiment un blasphémateur, un destructeur du culte établi ; or, ces crimes étaient punis de mort par la loi. D’une seule voix, l’assemblée le déclara coupable de crime capital. Les membres du conseil ; qui penchaient secrètement vers lui étaient absents ou ne votèrent pas. La frivolité ordinaire aux aristocraties depuis longtemps établies ne permit pas aux juges de