Page:Renan - Jesus, Levy, 1864.djvu/68

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« Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent ; priez pour ceux qui vous persécutent. »

« Ne jugez pas, et vous ne serez point jugé. Pardonnez, et on vous pardonnera. Soyez miséricordieux comme votre Père céleste est miséricordieux. Donner vaut mieux que recevoir. »

« Celui qui s’humilie sera élevé ; celui qui s’élève sera humilié. »

Sur l’aumône, la pitié, les bonnes œuvres, la douceur, le goût de la paix, le complet désintéressement du cœur, il avait peu de chose à ajouter à la doctrine de la synagogue. Mais il y mettait un accent plein d’onction, qui rendait nouveaux des aphorismes trouvés depuis longtemps. La morale ne se compose pas de principes plus ou moins bien exprimés. La poésie du précepte, qui le fait aimer, est plus que le précepte lui-même, pris comme une vérité abstraite. Peu originale en elle-même, si l’on veut dire par là qu’on pourrait avec des maximes plus anciennes la recomposer presque tout entière, la morale évangélique n’en reste pas moins la plus haute création qui soit sortie de la conscience humaine, le plus beau code de la vie parfaite qu’aucun moraliste ait tracé.

Il ne parlait pas contre la loi mosaïque ; mais il est clair qu’il en voyait l’insuffisance, et il le laissait entendre. Il répétait sans cesse qu’il faut faire plus que les anciens sages n’avaient dit. Il défendait la moindre