Page:Renan - L’Avenir de la science, pensées de 1848.djvu/17

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ont perdu leur justesse[1], j’aurais été amené à composer un nouveau livre ; or le cadre de mon vieil ouvrage n’est nullement celui que je choisirais aujourd’hui. Je me suis donc borné à corriger les inadvertances, ces grosses fautes qu’on ne voit que sur l’épreuve et que sûrement j’aurais effacées si j’avais imprimé le livre en son temps. J’ai laissé les notes en tas à la fin du volume. On sourira en maint endroit ; peu m’importe, si l’on veut bien reconnaître en ces pages l’expression d’une grande honnêteté intellectuelle et d’une parfaite sincérité.

Un gros embarras résultait du parti que j’avais pris d’imprimer mon vieux pourana tel qu’il est ; c’étaient les ressemblances qui ne pouvaient manquer de se remarquer entre certaines pages du présent volume et plusieurs endroits de mes écrits publiés antérieurement. Outre le fragment inséré dans la Liberté de penser, qui a été reproduit dans mes Études contemporaines, beaucoup d’autres passages ont coulé, soit pour la pensée seulement, soit pour la pensée et l’expression, dans mes ouvrages imprimés, surtout dans ceux de ma première époque. J’essayai d’abord de retrancher ces doubles emplois ; mais il

  1. J’ai laissé tous les passages où je présentais la culture allemande comme synonyme d’aspiration à l’idéal. Ils étaient vrais quand je les écrivais. Ce n’est pas moi qui ai changé. M. Treitschke ne nous avait pas encore appris que ce sont là des rêveries démodées.