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Page:Renan - L’Avenir de la science, pensées de 1848.djvu/187

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losopher, a le plus préoccupé ma pensée, le problème des origines de l’humanité.

Il est indubitable que l’humanité a commencé d’exister. Il est indubitable aussi que l’apparition de l’humanité sur la terre s’est faite en vertu des lois permanentes de la nature (75), et que les premiers faits de sa vie psychologique et physiologique, bien que si étrangement différents de ceux qui caractérisent l’état actuel, étaient le développement pur et simple des lois qui règnent encore aujourd’hui, s’exerçant dans un milieu profondément, différent. Il y a donc là un problème, important s’il en fut jamais, et de la solution duquel sortiraient des données capitales sur tout le sens de la vie humaine. Or ce problème se divise à mes yeux en six questions subordonnées, lesquelles devraient toutes se résoudre par des sciences diverses :

1° Question ethnographique. — Si et jusqu’à quel point les races actuelles sont réductibles l’une à l’autre. Y a-t-il eu plusieurs centres de création ? Quels sont-ils ? etc. — Il faudrait donc que le chercheur possédât l’ensemble de toute l’ethnographie moderne, dans ses parties certaines et hypothétiques, et les connaissances d’anatomie et de linguistique sans lesquelles l’ethnographie est impossible.

2° Question chronologique. — À quelle époque l’humanité ou chaque race est-elle apparue sur la terre ? Cette question devrait se résoudre par le balancement de deux moyens : d’une part, les données géologiques ; de l’autre, les données fournies par les chronologies antiques et surtout par les monuments. Il faudrait donc que l’auteur fût savant en géologie, et très versé dans les antiquités de la Chine, de l’Égypte, de l’Inde, des Hébreux, etc.