Page:Renan - L’Avenir de la science, pensées de 1848.djvu/242

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ceux qui s’appellent penseurs, se prennent à rire, des minutieuses investigations de l’archéologue sur les débris du passé. De pareilles recherches, si elles avaient leur but en elles-mêmes, ne seraient sans doute que des fantaisies d’amateurs plus ou moins intéressantes mais elles deviennent scientifiques, et en un sens sacrées, si on les rapporte à la connaissance de l’antiquité, qui n’est possible que par la connaissance des monuments. Il est une foule d’études qui n’ont ainsi de valeur qu’en vue d’un but ultérieur. Il serait peut-être assez difficile de trouver quelque philosophie dans la théorie de l’accentuation grecque : est-ce une raison pour la déclarer inutile ? Non certes, car sans elle, la connaissance approfondie de la langue grecque est impossible. Un tel système d’exclusion mènerait à renouveler le spirituel raisonnement par lequel, dans le conte de Voltaire, on réussit à simplifier si fort l’éducation de Jeannot.

Que de travaux d’ailleurs qui, bien que n’ayant aucune valeur absolue, ont eu, de leur temps, et par suite des préjugés établis, une sérieuse importance ! L’Apologie de Naudé pour les grands hommes faussement soupçonnés de magie ne nous apprend pas grand’chose, et cependant put de son temps exercer une véritable influence. Combien de livres de notre siècle seront jugés de même par l’avenir ! Les écrits destinés à combattre une erreur disparaissent avec l’erreur qu’ils ont combattue. Quand un résultat est acquis, on ne se figure pas ce qu’il a coûté de peine. Il a fallu un génie pour conquérir ce qui devient ensuite le domaine d’un enfant.

Les recherches relatives aux écritures cunéiformes, qui forment un des objets les plus importants des études orientales dans l’état actuel de la science, offrent un des