Page:Renan - L’Avenir de la science, pensées de 1848.djvu/539

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(113) Nul n’a mieux exposé ces lois que M. Fauriel. Voir l’analyse de son cours de 1836, faite par M. Egger dans une série d’articles du Journal de l'instruction publique de cette année, et l’excellente notice de M. Ozanam sur son illustre prédécesseur (Correspondant, 10 mai 1845).

(114) Antar, bien qu’il soit devenu centre d’un cycle bien caractérisé, n’est pas une épopée. Tout y est individuel, et, bien que l’orgueil national de l’Arabie soit le fond de la texture, aucune cause suffisamment nationale n’est mise en jeu pour que cette belle composition dépasse la sphère du roman.

(115) En revanche, les Sémites ont conçu en Dieu avec une remarquable facilité d’autres relations, celles de père, de fils, des distinctions de puissances, d’attributs (Cabbale, etc.).

(116) Les efforts que l’on a faits pour retrouver la loi de la succession des systèmes grecs dans la philosophie indienne sont à peu prés chimériques. On ne peut dire que la loi du développement des langues sémitiques soit de la synthèse à l’analyse, comme cela a lieu dans les langues indo-germaniques. De même l’arménien moderne semble avoir beaucoup plus de syntaxe et de construction synthétique que l’arménien antique, qui pousse très loin la dissection de la pensée. On ne peut dire aussi que le chinois moderne soit plus analytique que le chinois ancien, puisque au contraire les flexions y sont plus riches, et que l’expression des rapports y est plus rigoureuse. Les lois sont analogues de ces différents côtés, mais non les mêmes, quoique toujours parfaitement rationnelles, à cause de l’élément individuel de chaque race qui modifie le résultat. Toute formule est partielle, parce qu’elle n’est moulée que sur quelques cas particuliers.

(117) M. Auguste Comte, par exemple, prétend avoir trouvé la loi définitive de l’esprit humain dans la succession des trois états théologique, métaphysique, scientifique. Voilà, certes, une formule qui renferme une très grande part de vérité ; mais comment croire qu’elle explique toute chose ? M. Comte commence par déclarer qu’il ne s’occupe que de l’Europe occidentale (Philosophie positive, t. V, p. 4-5). Tout le reste n’est que pure sottise et ne mérite pas qu’on s’en occupe. Et en Europe, il ne s’occupe que du développement scientifique. Poésie, religion, fantaisie, tout cela est méconnu.

(118) En entendant l’histoire de la philosophie comme l’histoire de l’esprit humain, et non comme l’histoire d’un certain nombre de spéculations.

(119) La plupart des jugements et des proverbes populaires sont de cette espèce, et expriment un fait vrai compliqué d’une cause fictive. La