Page:Renan - Le Judaisme comme race et comme religion, 1883.djvu/25

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seront les judaïsants de la maison des Flavius ; ce sont des gens qui se font juifs et qui acceptent l’acte capital qui les introduit définitivement dans le judaïsme, la circoncision.

À Alexandrie, ce fut bien autre chose. Certainement l’Église juive d’Alexandrie était recrutée en très grande partie dans la population égypto-hellénique ; l’hébreu y fut vite oublié. C’est là que se fait cette production énorme de livres de propagande qui a devancé le christianisme, tous ces livres sibyllins, ces faux auteurs classiques destinés à prêcher le monothéisme. On voulait à tout prix convertir les païens ; les propagandistes, dans leur zèle, ne trouvaient rien de mieux que de prêter à des écrivains anciens, ayant de l’autorité, des ouvrages où les bonnes doctrines étaient enseignées. C’est ainsi qu’ont été fabriqués le Pseudo-Phocylide, le Pseudo-Héraclite, destinés à prêcher un judaïsme mitigé, réduit à une sorte de religion naturelle.

Le fait de cette propagande extraordinaire du judaïsme, de 150 ans environ avant Jésus-Christ jusqu’à 200 ans environ après notre ère, est incontestable. Mais, me direz-vous, qui prouve trop ne prouve rien. Le résultat de ce prosélytisme a été, pour le judaïsme, religieux bien plus qu’ethnographique. Les gens convertis de la sorte se faisaient très rarement circoncire. Ce qu’on appelait à Rome vitam judaïcam agere, c’était simplement pratiquer le sabbat et la morale juive. Les gens « craignant Dieu », les metuentes,